Plantation de l’Arbre de la Laïcité (Angoulême, 9 déc. 09)

14 décembre 2009

Le Collectif Laïcité de la Charente et la mairie d’Angoulême ont organisé la plantation de l’Arbre de la Laïcité.

Discours prononcé au nom du Collectif Laïcité de la Charente.


Mesdames, Messieurs, cher(e)s ami(e)s,

Bonjour,

J’ai l’honneur et le plaisir de lire le discours du collectif départemental créé spécialement pour cette occasion, il faut le dire, sur une idée du Comité Laïcité République.

Il comprend de nombreux mouvements associatifs, syndicaux et maçonniques charentais attachés à la Laïcité et à la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État. [...]

Ce collectif a souhaité et pu, grâce au soutien et à l’aide active, il faut le dire également, de la Mairie d’Angoulême et de ses services, planter sur les bords de la Charente cet arbre, un ginkgo biloba. Par cette action concrète, par le choix de l’arbre, en fixant la journée du 9 décembre comme journée de la Laïcité, les associations présentes veulent rappeler l’importance fondamentale de la Laïcité dans notre République.

Le ginkgo biloba qui existe depuis 200 millions d’années est le plus vieil arbre reconnu. C’est le premier arbre à avoir repoussé dans la zone touchée par l’explosion le la bombe nucléaire d’Hiroshima. Il symbolise ainsi, par son enracinement en terre, par la croissance de ses branches, par sa résistance et par sa longévité toutes les valeurs qui sont les fondements de Laïcité.

Et puisque nous sommes ici pour fêter et célébrer la Laïcité et s’imprégner de ses principes capitaux, le collectif vous propose de lire ce qu’écrit le philosophe, grand défenseur de la Laïcité, Henri Pena Ruiz.

« La laïcité est un principe de droit politique. Elle recouvre un idéal universaliste d’organisation de la cité et le dispositif juridique qui tout à la fois se fonde sur lui et le réalise. Le mot qui désigne le principe, laïcité, fait référence à l’unité du peuple, en grec le laos, telle qu’elle se comprend dès lors qu’elle se fonde sur trois exigences indissociables : la liberté de conscience, l’égalité de tous les citoyens quelles que soient leurs convictions ou leurs options spirituelles, et la visée de l’intérêt général, du bien commun à tous, comme seule raison d’être de l’État. La laïcité consiste à affranchir l’ensemble de la sphère publique de toute emprise exercée au nom d’une religion ou d’une idéologie particulière.

Elle préserve ainsi l’espace public de tout morcellement communautariste ou pluriconfessionnel, afin que tous les hommes puissent à la fois s’y reconnaître et s’y retrouver. Cette neutralité confessionnelle se fonde donc sur des valeurs clairement affichées et assumées : l’État laïque n’est pas vide, puisqu’il incarne le choix simultané de la liberté de conscience et de l’égalité, et de l’universalité qui lui permet d’accueillir tous les êtres humains, sans privilège aucun accordé à un particularisme.

Le souci d’un espace commun aux hommes, par-delà leurs différences, est compatible avec celles-ci pourvu que leur régime d’affirmation ne porte pas atteinte à la loi commune, qui rend justement possible leur coexistence et conditionne ainsi la paix. La loi de séparation de l’État et des Églises est le dispositif juridique constitutif de la laïcité institutionnelle, car elle seule garantit pleinement non seulement la liberté de conscience mais aussi la stricte égalité des divers croyants, des athées, et des agnostiques.

Les populations se distribuant aujourd’hui selon ces trois types d’options spirituelles, le principe laïque d’égalité est incompatible avec la moindre discrimination positive ou négative appliquée à la figure athée ou religieuse de la conviction spirituelle. L’invocation de la culture ou de la tradition, ou de facteurs supposés d’« identité collective » pour remettre en cause cette égalité en consacrant publiquement une option spirituelle plutôt qu’une autre serait illégitime. Elle reviendrait à privatiser la sphère publique, tout en faisant violence à ceux qui ne jouiraient pas d’un tel privilège, dès lors que leur option spirituelle propre aurait un statut inférieur. La République laïque, par ailleurs, ne reconnaît pas d’autre sujet de droit que la personne individuelle, seule habilitée à choisir ses références spirituelles.

La laïcité exclut par conséquent tout privilège public accordé soit à la religion, soit à l’athéisme.

Cette abstention, ou neutralité (du latin neuter : “ ni l’un ni l’autre ”), situe l’État, communauté de citoyens, hors de toute emprise confessionnelle.

L’autolimitation de l’État, qui n’est plus arbitre des croyances, libère la sphère privée dans le champ éthique et spirituel. Marianne, la République démocratique et laïque, ne ressemble pas à César, pouvoir traditionnel de domination qui instrumentalise le cas échéant la religion tout en lui assurant le statut d’un credo obligé. La laïcité est un idéal dont l’originalité est qu’il permet à tous, croyants et athées, de vivre ensemble sans que les uns ou les autres soient stigmatisés en raison de leurs convictions particulières. Sa raison d’être consiste à promouvoir ce qui est commun à tous les hommes, non à certains d’entre eux. »

En conclusion, le message que tous les mouvements ici présents et représentés est que la Laïcité n’est surtout pas une notion passéiste, mais bien au contraire une idée de progrès. Ses règles sont applicables à l’ensemble du corps social et c’est une notion qui repose sur les plus grands principes humanistes forgés au cours de l’histoire.

Elle est le plus sûr garant de la paix civile et pour reprendre ce qui figure sur la plaque, elle permet à tous de vivre ensemble dans la paix et l’harmonie.



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